Les fermes

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L’AGRICULTURE

Malgré un sol peu productif, il semble que l’agriculture ait toujours tenu une place importante dans la vie du village. Si l’on en croit des notes de 1861, vers le début du XIXème siècle, le profil du finage de Marigny  se rapprochait beaucoup de son aspect actuel : 1778 hectares de terres cultivables dont 136 hectares de prés de médiocre qualité, probablement « l’étang » ; 21 hectares de bois particuliers et 34 hectares de friches ou landes. Ces superficies comprenaient probablement les terres de fermes de « Belle-Assise et Bel-Air ».
Le prix de ces terres semble assez élevé pour l’époque ; on parle de 1000 francs l’hectare pour les bonnes et 125 francs pour les moins bonnes. Aujourd’hui, on parle de 8000 euros (50000 francs ) l’hectare pour les bonnes et 3000 euros ( 20000 francs ) pour les moins bonnes.

Le sol de Marigny est composé de 70 à 80 % de carbonate calcaire (craie). Il est argileux par endroits et siliceux (présence de cailloux) au nord vers Ossey. Il est peu productif, mais à force d’engrais animal et végétal, on parvint à vaincre cette ingratitude du sol.

Vers l’an 1200, on trouve quelques vignes : ce qui est confirmé par la donation au prieuré de Marigny, par Garnier II de Trainel, de ses vignes se trouvant sur les finages d’Ossey et de Saint-Lupien (Archives de l’Aube).
En 1895, un projet de plantations d’essai de vignes américaines de la part des « vignes de l’Aube », fut refusé par le conseil municipal. Il existait toutefois quelques vignes avant le conflit 1939-1940.

Les principales cultures étaient le seigle et l’avoine : 420 hectares de chaque ; le froment et l’orge : 85 hectares de chaque et autant de prairies artificielles – surtout du sainfoin – qui était de très bonne venue.
On cultivait également toutes sortes de légumes, du moins ceux le plus en usage à la campagne. Les pommiers et pruniers y sont assez communs, les poiriers le sont moins.

Notes complémentaires sur le chanvre:

Le chanvre fut également cultivé pour alimenter les quelques tisserands de Marigny et pour les besoins personnels de la population qui devait fabriquer vêtements, sacs, cordage, etc…

Dans des notes qui semblent dater du début du XIXème siècle, il est dit que « le chanvre est semé dru en rayons, au plus tard à la Saint Gengoult le 11 mai ». Les pieds mâles aux tiges rudes sont coupés fin juillet. Les plants femelles, destinés à venir en graines, fournissent une filasse plus fine ; leur récolte a lieu entre le 15 août et le 8 septembre. Ce chanvre femelle mis en bottes, sèche tête en bas, livre son grain qui sert à nourrir les volailles et fournit l’huile à « Quinquets » (lampes à huile).
Le chanvre est ensuite mis à « rouir » (8 à 10 jours en eau stagnante pour faire pourrir la gomme qui enrobe les fibres). Le « rouissage » du  chanvre destiné au tissage des toiles est plus long que celui avec lequel on fabrique des cordages.
Après lavage et séchage vient l’opération du « teillage » qui consiste à briser les tiges. Dans certaines communes, notamment du pays d’Othe, on utilisait les services de « briseurs de chanvre ». Les résultats du « teillage » constituaient les « chènevottes » qui servaient d’allume-feu. Les fibres devaient encore être foulées et peignées pour être débarrassées de l’étoupe. Les gros écheveaux épurés étaient prêts pour le filage, effectué soit à la quenouille, soit au rouet.
Cette production fut totalement abandonnée à l’apparition du coton. La culture du chanvre connaît aujourd’hui un regain de ferveur grâce à de nombreux débouchés : les fibres dans la papeterie (papiers fins), dans l’automobile et la plasturgie. La chènevotte est utilisée comme litière, paillages et dans le  bâtiment ( liens sur www.chanvre.com).

Vers le milieu du XIXè siècle, dans toutes la campagne, la main –d’œuvre manquait : aussi avait-on recours à des étrangers : ce qui n’est pas surprenant, car à l’époque où l’on fauchait à la faux ou bien même encore à la faucille, ces travaux exigeaient une importante main-d’œuvre. De nombreuses familles de la forêt d’Othe venaient dans la région pour les grands travaux : moisson, fenaison , battage. La fin de ces grands travaux donnait lieu à des réjouissances, coutume se perpétuant jusqu’au début du XXè siècle.

On comptait à Marigny pour l’exploitation de ces terres : 50 chevaux et 250 vaches, 1800 bêtes à laine, partagée en 9 troupeaux, 60 porcs, beaucoup de volailles, quelques ruches, mais aucun pigeon ne se trouvait dans de nombreuses fermes. Pourquoi ? Posséder un colombier était un privilège qui appartenait seulement à certains seigneurs.

Vers la fin du XIXè siècle, l’essor de la bonneterie fit que beaucoup de petits agriculteurs, des « arseillers » ou des « arcandiers » (patois nogentais) abandonnèrent – partiellement ou totalement – la terre pour travailler en bonneterie.

Ceci explique que la superficie des terres labourables ait considérablement diminué, et que celle de la partie boisée ait beaucoup augmenté. Avant la guerre, seulement  900 hectares restaient en culture.

Vers les années trente, les principales cultures étaient les céréales – blé, orge, avoine, seigle – sur environ 600 hectares. On cultivait des betteraves fourragères ainsi que des prairies artificielles. Les rendements n’étaient pas très élevés, de l’ordre de 20 à 25 quintaux pour le blé, 15 à 20 quintaux pour l’orge et 10 quintaux pour l’avoine.

Les terres étaient labourées et façonnées, grâce à un parc d’une centaine de chevaux. Les labours s’effectuaient encore très souvent avec des charrues à un soc ; l’arrivée des brabants constitua un progrès certain.

A cette époque, on ne parlait pas souvent hectare, mais arpent (environ 40 ares), quartier (10 ares 60), denrée (5 ares 30). Un bon laboureur retournait environ un arpent et demi par jour en 12 ou 14 heures d’un travail pénible.

L’élevage était aussi très développé ; chaque ferme possédait une étable à vache (environ 150 pour le village) et 1100 moutons. Cet élevage, surtout celui des vaches laitières, était vraiment un travail harassant et très contraignant ; ni dimanche ni fête. Ce labeur était surtout réservé aux femmes.

Vers 1950, l’agriculture subit une véritable transformation avec l’arrivée sur le marché de matériel moderne, tracteur, moissonneuses-batteuses, etc. Je crois que la première de ces moissonneuses fut mise en service en 1948, à la ferme de M. Laurent à « Belle-Assise » ; ce fut une véritable révolution : c’était la suppression de la machine à battre et des « batteux » comme on nommait les servants de cette machine.

Au même titre que les « bineurs de betteraves » ces hommes qui, sous le soleil, desserraient, accroupis, des hectares de betteraves, ces « batteux » ont laissé un souvenir vraiment inoubliable de ce qu’était à cette époque, l’âpreté des travaux agricoles. Si ces gens se livraient à quelques excès de bouteille, ils étaient bien pardonnables !

En 1947, furent tentés des essais de culture de betteraves sucrières. Essais qui se révélèrent concluants, si l’on en juge par les superficies actuellement cultivées.

En 1956, un remembrement a permis de constituer des parcelles importantes, plus faciles à exploiter avec du matériel moderne, mais qui hélas, a fait disparaître la presque totalité des bois de sapins, auxquels les Marignons étaient tant attachés.

Les méthodes de culture ayant changé, tout le bétail a pratiquement disparu. Plus de chevaux, si ce n’est quelques bêtes de selle. Plus de vaches : fini le bon lait crémeux et bien frais que l’on allait directement chercher à la ferme.

En 1990, un second remembrement vient modifier le finage de Marigny avec un parcellaire plus important, mieux adapté aux matériels modernes. Le finage de Marigny s’étend sur environ 1500 hectares.

Aujourd’hui, on compte 12 exploitations agricoles dont une se trouve à « Belle-Assise ». L’agriculture est très diversifiée : on trouve en général du blé, de l’orge, du colza, du chanvre, de la betterave, luzerne, des graminées et des cultures légumières (pomme de terre, carottes, endives).

Dans notre région, l’agriculture est devenue une véritable industrie grâce à l’implantation de nombreux outils de collecte et de transformations. ( lien :  www.aube.chambagri.fr)

Le silo NOURICIA

La société SCARM (origine de NOURICIA) a été créée en 1921 par quelques agriculteurs soucieux de commercialiser leur récolte dans de meilleures conditions. En 1925, la SCARM (société de coopérative agricole de Romilly-sur-Seine) reprend les moulins de Romilly, puis installe dans la région des magasins et des silos où les agriculteurs sociétaires livrent leurs récoltes et viennent s’approvisionner en engrais, en semences et en produits phytosanitaires.

Le silo de Marigny est situé au cœur de la zone de collecte de la SCARM.

Les premiers travaux de construction du grand silo à grain de Marigny commencèrent en 1963. Un peu plus tard, d’autres travaux furent entrepris et permirent d’augmenter les capacités de stockage et de porter aujourd’hui celles-ci à 15000 quintaux. Particularité de ce silo, il collecte et sèche du tournesol depuis plus de 30 ans.

Des cuves furent installées pour permettre le stockage d’engrais liquide.

Deux personnes gèrent le silo et des saisonniers sont embauchés au moment de la moisson.

En 2002, la société NOURICIA est créée. Son le siège social est implanté 12 rue Bégand à Troyes. (lien :  www.nouricia.fr)
Une coopérative de déshydratation. (CAPDEA)
La coopérative de déshydratation de Marigny-le-Châtel, installée entre Marigny et St Martin de-Bossenay a été créée dans les années 1960-1970. Elle embaucha vingt-cinq à trente personnes.

 

 

En 2006, trois coopératives fusionnent (Assencières, Aulnay, Marigny) pour donner naissance à CAPDEA dont le siège social se situe à Assencières.
Cette entreprise traite la luzerne, les pulpes de betteraves, le maïs et l’oeillette.
La coopérative collecte environ 3800 hectares de luzerne sur un rayon de 30 km. Luzerne et pulpe de betterave sont transformées en granulés pour l’alimentation du bétail.

Domaine d'activité
Description complète de l'entreprise

Un peu d’histoire…
Nous possédons peu de documents sur l’agriculture et sur les paysans du Moyen Age qui, comme tous les paysans de cette époque, avaient beaucoup de difficultés à vivre et même à survivre avec leur familles.

Des méthodes de culture archaïques, des récoltes très faibles, le gibier abondant qui appartenait au seigneur et faisait des dégâts considérables dans les cultures étaient responsables de la pauvreté des paysans.

Malgré leurs faibles ressources, ils étaient dépouillés par les redevances seigneuriales et ecclésiastiques. En années de mauvaises récoltes dues aux intempéries, c’était la disette pour toutes ces familles. On signale à plusieurs reprises de véritables famines pendant la guerre de Cent Ans, à la fin du XIVème siècle et au début du XVème siècle. Il est dit que vers l’an 1676, des meutes de loup attaquaient les maigres troupeaux de moutons…

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